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PLANZOLLES, mon village
30 septembre 2014

Les édifices historiques

 Planzolles possède quelques édifices remarquables qui témoignent d'une occupation ancienne et riche de son territoire en liaison avec sa situation privilégiée sur un versant sud du piémont cévenol. Deux d'entre eux sont toujours habités comme le petit château du lieudit "la croix" sur les hauteurs de la commune ainsi que l'imposant château de Valloubière aux confins du territoire, dans sa partie basse.

le site de chabrolières en vue aérienne1Un troisième vestige du passé communal de la région n'a pas eu, lui, cette chance d'être préservé aussi efficacement. Il s'agit du domaine de Chabrolières, une ancienne grange monastique et non pas une abbaye comme indiqué sur les cartes modernes située dans la vallée du ruisseau des Embrussiers, au sud-ouest de la commune.

Chabrolières au début du XXe1

 

 Ce site, qui a souvent frappé les imaginations, a fait l'objet de nombreux écrits parmi lesquels ceux du père Albert Robert de la trappe de Notre-dame des neiges ou du docteur Francus dans son "voyage dans le midi de l'Ardèche".

 

 Chabrolières, la cheminée-campanile1

 

Mais c'est surtout grâce aux remarquables études de Jean-Pascal Alvéry, "les ordres et le territoire du piémont : deux seigneuries monastiques et deux destins parallèles"(*), que l'on appréhende mieux désormais l'histoire de cette majestueuse bâtisse.

 

La date précise de construction des bâtiments de Chabrolières n'est pas connue. Par contre, on sait que l'ensemble du domaine qui s'étendait des bois de Bauzon jusqu'au ruisseau nommé à cette époque de Lembruschet fut offert par la famille des Châteauneuf-Randon aux moines de l'abbaye des Chambons quelques années après la création de cette dernière en 1152.

 

Cette abbaye, dalonite puis cistercienne, dont on peut encore voir les ruines à Borne près de Saint-Etienne de Lugdarès sur le Tanargue (la montagne du "Tonnerre" des Cévennes vivaroises), était donc fort éloignée du territoire planzollais.

 

Chabrolières, le cellier1

Par la suite, d'autres donations sur ce qui dépendait de la seigneurie de Faugères vinrent accroître ce domaine monastique principalement destiné semble-t-il à recevoir des prairies (mais aussi probablement des châtaigniers et de la vigne) et un bâtiment à vocation agricole, une grange, mais aussi une maison pour les moines furent alors édifiés.

 

Dans la seconde moitié du XIVe siècle, les religieux recherchant "aide et protection" auprès du seigneur de Joyeuse, des aménagements de défense sont apportés, ce qui amène au siècle suivant à l'appellation du lieu sous le terme de château fort. Jean Pascal Alvéry nous précise d'ailleurs qu'à plusieurs reprises, au cours des guerres de religion, des soldats dûment appointés sont assignés à Chabrolières dont l'exploitation est toujours assurée par des frères convers et des fermiers.

  Chabrolières, le four1

Des péripéties ont donc, probablement, souvent émaillé l'histoire de ce site dont on ne retient plus aujourd'hui que le calme bucolique évident. Ainsi au milieu du XVIIIe siècle, des habitants de Lablachère, mécontents des conditions qui leur sont faites quant à l'usage des bois de Bauzon (problème récurent), attaquent le château.

 

En 1791, suite à la Révolution, le domaine de Chabrolières est vendu en tant que bien national pour 9582 livres à un habitant de Payzac, le sieur Garilhe.

   Ce dernier était le père de François-Clément Privat de Garilhe, homme de loi et député de l'Ardèche à la Convention nationale où il vota pour la détention et le sursis au procès de Louis XVI. Compte tenu de l'importance de la propriété, le sieur Garilhe, seul enchérisseur a-t-il fait une bonne affaire?

  Chabrolières, en avant le bâtiment du XIXe1Probablement, mais deux années plus tard, à la demande expresse du sieur Pellet , maire de Planzolles lui-même requis en cela par les autorités politiques du moment, il dût faire procéder, à ses frais, à la démolition des marques distinctives de la royauté figurant sur les bâtiments. Une page était ainsi définitivement tournée.

 Aujourd'hui, hormis le bâtiment d'habitation connexe construit au XIXe, le site de la grange cistercienne de Chabrolières est menacé.

 Sans, au minimum, une mise hors d'eau du bâtiment principal (qui protègerait entre autres la superbe voûte en petit appareil du cellier), Planzolles et Faugères dont il a longtemps dépendu pourraient voir bien disparaître un petit joyau de leur histoire locale.

 

Claude Besset

 

(*) Editions 2012 et 2013 de Mémoire d'Ardèche et Temps Présent.

 

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